Test de Warhall - Un émulateur du 9ème Âge

Et ce que je vais te montrer maintenant va sûrement t’intéresser. Il y a quelques mois, j’avais parlé dans ces colonnes d’un retour prochain de Warhammer Battle en figurine avec Warhammer : The Old World. J’y avais expliqué que Games Workshop, les créateurs du jeu de plateau, avaient simplement détruit leur univers pour créer un autre jeu de plateau, Age of Sigmar (lire par ici)

Ce que je n’avais pas évoqué, car ce n’était pas le sujet, c’est qu’à l’époque de la destruction de Warhammer, à côté des fans qui ont décidé de revenir sur la 6ème édition pour faire vivre leur univers, de nombreux fans se sont levés pour créer des systèmes de jeux qui permettraient à tous les fans de continuer à jouer avec leurs figurines dans une certaine continuité. De nombreux projets avaient vu le jour (et il serait intéressant d’en parler à l’occasion par ici) mais parmi ces projets, il y en a un qui a prévalu sur les autres : Le 9ème Âge. Jeu totalement créé par la communauté, il a pris du temps à mûrir. Et personnellement, je n’avais pas été séduit par celui-ci au début et je me suis condamné à accepter la mort de Warhammer. Ça ne m’avait pas séduit, car tout était encore assez expérimental, pas toujours clair. Mais… la sauce a pris. Beaucoup de joueurs se sont lancé dans l’aventure et ont créé tout un microcosme autour du 9ème Âge : traduction dans plein de langues, révision des règles, mais surtout, un véritable équilibrage.

Les habitués de Games Workshop comprendront très vite : les dernières sorties en dates sont TOUJOURS plus optimisées que les précédentes. Avec le cycle de production, certaines armées peuvent parfois attendre de nombreuses années avant de voir une nouvelle édition de leur livre / codex arriver… et du coup, leur armée est TOUJOURS plus faible que les autres. Et c’est terriblement frustrant. Et c’est là le gros point fort du 9ème Âge : Vu qu’ils ne vendent RIEN (tout est gratuit, règles, livres d’armée), ben ils n’ont aucun intérêt à rendre une armée plus forte que l’autre. Au contraire. Du coup, ils s’efforcent, correctif après correctif, d’équilibrer un maximum ! Et après plusieurs années d’exploitation, on peut dire que c’est réussi.

Je ne m'étendrai pas plus sur le sujet, j’en ferai surement un papier prochainement.

Mais du coup, pourquoi je parle de 9ème Âge alors que le titre parle d’un jeu qui s’appelle Warhall ?

Ben simplement parce que Warhall est un simulateur du jeu de guerre qu’est le 9ème Âge. Il est la retranscription informatique, multijoueur, en ligne, de ce qu’est le jeu de figurine, à la règle près.

Du coup, oui, toi là-bas, le vieux con qui n’a plus touché à Warhammer depuis des années, mais qui a envie de rejouer : ben tu peux, pour un effort drôlement moindre que de déballer une valise complète de figurines pour jouer contre un inconnu de la région !

Alors, oui évidemment, le plaisir du hobbyiste de trimballer sa valise et sa brouette de dés passe à la trappe avec ce genre de soft, mais ne nous leurrons pas, on ne peut pas toujours se permettre de partir jouer des parties de wargames qui peuvent durer très longtemps quand on a une vie active. Enfin, si, mais c’est toute une logistique. Et quand on n'a plus joué depuis des années, ben on court-circuite déjà tout un pan de la difficulté pour se remettre au wargame.

Warhall permet tout cela. Plus encore, Warhall permet une meilleure compréhension des mécaniques et facilite la compréhension du jeu. 9ème Âge, comme ses prédécesseurs Warhammer Battle, est un jeu de distance et de placement. Warhall, par son interface, permet de voir en un coup d’œil différents éléments qu’il est nécessaire de toujours vérifier sur table via des réglettes de distance. Par exemple, les angles de vues pour savoir si on se place de flanc ou de face sur un ennemi, le pouce de distance minimale entre les unités, etc.

Bref, si on enlève tout le côté placement et l’accélération de certaines données, une partie peut se jouer assez rapidement, en moins de deux heures pour les habitués au jeu.

Et pour ceux qui sont en apprentissage, là aussi Warhall est une excellente école : toutes les règles des unités sont affichées par un simple survol de souris. Actuellement, le jeu est en anglais, mais la communauté T9A (le diminutif pour le 9ème Âge => The Ninth Age) travaille déjà à la traduction francophone du jeu. Mais bien qu’en anglais, c’est très compréhensible.

Par contre, pour la recherche d’adversaire en multijoueur, je ne peux vous conseiller que deux choses : cherchez des groupes de joueurs (comme sur le discord de T9A francophone) et soyez clair dés le début sur votre approche du jeu. Ma première vraie partie sur Warhall, étant donné que moi aussi j’étais en mode apprentissage (et je le suis toujours) du système de jeu de T9A, a duré 6/7h… j’avais beaucoup de questions, de choses à assimiler non seulement sur Warhall, mais aussi sur des points de règle de T9A. La seconde, plus que 3h et maintenant je maintiens un rythme de 2h environ. Or, si l'adversaire qui vous affronte n’est pas au courant que vous allez chipoter, on est vite perdu dans un certain confort derrière notre écran à prendre notre temps, souvent un peu trop, et l’adversaire en face ne vous ayant pas de visu, il est difficile d’appréhender l’activité de son opposant.

Warhall est gratuit, dans une certaine mesure. Il est totalement jouable gratuitement, sans restriction. Cependant, il existe un modèle payant (allant de 6 à 9.99 euros par mois) qui apporte des facilités de manipulation. Par exemple, réarranger vos unités avec un clic, afficher certaines lignes de vues. Des petits trucs qui ne vous apporteront aucun avantage en jeu, mais une souplesse d’utilisation bienvenue qui vous permet de vous concentrer sur le jeu en lui-même.

Vous pouvez voir ici la différence exacte des deux versions.

Autre avantage de Warhall, le 9ème Âge, de par son aspect communautaire et donc son équilibrage constant, est devenu un jeu terriblement apprécié dans les tournois en tous genres, nationaux ou internationaux. Il permet aussi de jouer plus souvent, pour s’entraîner, mais surtout… comme le microcosme des joueurs de tournoi n’est pas si énorme, ça fait toujours plaisir de pouvoir jouer avec un gars qu’on connaît qui habite en Serbie, par exemple. Ou encore, simplement, un joueur allemand ou polonais ne jouera pas de la même façon qu’un français ou un belge. Prendre la tendance du genre de jeu permet aussi de s’améliorer soi-même et, si vous êtes un compétiteur, ne pas être surpris dans un tournoi d’envergure.

Warhall n’est pas le seul programme du genre sur le marché, mais il est assurément le plus impressionnant. Son financement via Kickstarter avait été un franc succès et il est sorti de sa beta il y a quelques jours, étant enfin disponible pour tous.

Bref, si j’ai attisé votre curiosité, il n’y a qu’un seul endroit : https://www.warhall.eu/ et faites-vous une idée vous-même.

Bonne partie ! Et si vous me cherchez, vous savez où me trouver ! Je suis toujours très débutant sur T9A, mais j’ai besoin d’entraînement, j’ai un tournoi par équipe en mai prochain au Luxembourg ! Mon premier depuis TRÈS TRÈS longtemps. N’hésitez pas !

Ci-dessous, une interview de Sueko, l'homme derrière la conception de Warhall : 

Pour nos lecteurs, pouvez-vous vous présenter et présenter votre équipe ?

Nous sommes trois développeurs chez Warhall : Tomas, notre artiste, Orombi,  qui est programmeur, et moi (Hugo), programmeur et directeur. Nous sommes tous les trois espagnols et vivons en Espagne. Nous travaillons ensemble à plein temps, en distanciel.

Êtes-vous de grands fans du 9ème Âge (et avant cela, de Warhammer Battle) ?

Bien sûr que nous le sommes !

Je me suis mis à Warhammer quand j'avais 8 ans (il y a maintenant 27 ans). C'était la 4ème édition. J’ai participé à de nombreux tournois, quand j'étais adolescent, principalement dans la 7ème édition. Puis, j'ai déménagé à l'âge de 21 ans et j'ai arrêté de jouer à cause de la distance avec mes amis. J'ai donc manqué la 8ème édition. J’ai redécouvert la 9ème édition (NDLR : T9A) il y a 6 ans et je suis revenu dans le hobby.

Parlez-nous de Warhall. Quelle a été la genèse du projet ? Est-il venu naturellement ? Répond-il à un manque que vous avez remarqué ?

J’ai vécu hors de l’Espagne pendant 12 ans, mais je voulais jouer avec mes amis à distance. La seule option était l'UB (NDLR : un autre simulateur, plus ancien, en 2D) et la plupart d'entre eux en étaient rebutés. J'ai alors essayé Warhammer: Total War, mais je me suis rendu compte que ce n'était pas le vrai Warhammer.

J'ai toujours souhaité quelque chose entre les deux, d'où Warhall. 

Tomas et moi sommes des amis du lycée. J'étais un programmeur et lui un artiste. Nous avons toujours parlé de faire quelque chose ensemble un jour. Et il y a deux ans et demi, Tomas et moi nous nous sommes retrouvés à un moment idéal, où on pouvait tous deux tenter notre chance. C'est ainsi que Warhall est né.

Pourquoi avez-vous pris l'option de créer un programme à partir de rien et non un mod pour simulateur de table, par exemple ?

Nous avons évalué cette option, mais réaliser notre propre outil, même si cela signifiait un chemin plus long, signifiait aussi un contrôle total et une autonomie totale. Ne pas être contraint par une plateforme ou une technologie était important pour pouvoir livrer exactement ce que nous avions en tête.

Le jeu est maintenant disponible pour tous, dans une version gratuite avec la possibilité de s'abonner pour obtenir des fonctionnalités supplémentaires, des facilités de jeu. Pourquoi avoir choisi cette option économique ?

Les jeux DOIVENT être gratuits de nos jours. Le plus important est que tout le monde puisse jouer. C'est à l'utilisateur de décider s'il veut jouer de manière plus confortable ou selon les standards des wargames en ligne avant la sortie de Warhall.

Pourrons-nous "modder" le jeu ? Pourrons-nous intégrer nos modèles de figurines, par exemple ?

Cela n'est pas prévu pour l'instant. Chaque modèle doit répondre à certaines normes de qualité afin que le jeu fonctionne de manière optimale. Contrôler cet afflux de modèles est une tâche énorme et nous ne sommes que trois personnes dans l'équipe.

Prévoyez-vous un magasin de cosmétiques à l'avenir, avec de nouveaux modèles de personnages ? De nouveaux champs de bataille ?

Oui ! Pendant l'été, nous avons mis en place une structure de personnalisation qui permet de changer l'apparence de tous les modèles. Pour les champs de bataille, nous en avons déjà réalisé deux et nous en livrerons d'autres.

Quels sont vos projets maintenant ?

Notre priorité actuelle est d'offrir un support Web, Android et iOS. Le Web sera entièrement jouable tandis qu'Android et iOS serviront uniquement à regarder les parties. Nous sommes également en train de remanier le site pour que tous les modèles soient téléchargés dynamiquement et que l'empreinte laissée par le jeu soit beaucoup plus légère.

Question bonus : Quelle est votre race préférée ?

Personnellement, je joue surtout des Elfes Noirs. Juste parce que j'ai commencé à les collectionner quand j'étais enfant. Quant aux modèles créés par Tomas, je pense que les Anciens Sauriens sont mes préférés.